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Lettre ouverte au président du conseil d’administration de santésuisse, Heinz Brand

Monsieur,

Nous nous référons à votre article du 18 décembre 2018 concernant la consultation sur la part relative à la distribution figurant sur votre plateforme web https://www.santesuisse.ch. La déclaration «Les distributeurs de médicaments (grossistes, pharmacies, médecins propharmaciens et pharmacies d’hôpitaux) sont déjà excessivement rémunérés pour leurs charges.» est à elle seule ressentie comme un affront.

Vous exigez une économie de 330 millions de francs sur la part relative à la distribution. La proportion qui en revient aux pharmacies est d’environ 55 pour cent. Vous voulez donc économiser environ 180 millions de francs sur le dos pharmacies.

Cela représente environ 30 pour cent de la marge du pharmacien,

pour économiser finalement un pour cent sur les primes!

Aucune entreprise ne survit à une baisse de sa marge de 30 pour cent. Permettez-nous de poser une question hérétique : combien de millions de francs le système de santé suisse pourrait-il économiser si les salaires des cadres (seulement les cadres!) de santésuisse et des caisses d’assurance maladie étaient réduits de 30 pour cent?Théoriquement, une telle baisse de salaires élevés est possible sans aucun problème. Mais pas une baisse de la marge puisqu’il faut non seulement payer les salaires du personnel, mais aussi tous les frais fixes tels que le loyer, les assurances, le téléphone, etc. Comparer des salaires avec des marges équivaut donc à comparer des pommes avec des poires. C’est toutefois un exercice que santésuisse pratique assidument dans le cadre de ses comparaisons de prix avec l’étranger, récurrentes et inadmissibles.

Avec 1,7 milliard de francs suisses (4,8 pour cent), les frais administratifs des caisses d’assurance-maladie en Suisse équivalent à la moitié du coût des médicaments en pharmacie. Au Danemark, les frais administratifs de l’assurance maladie représentent 1,5 pour cent des coûts. S’il en était de même Suisse nous pourrions économiser 600 millions de francs par an, presque deux fois plus que ce que vous voulez économiser sur les médicaments. Bien sûr, là aussi nous comparons des pommes avec des poires… mais nous le savons.

Intellectuellement, il est inacceptable de comparer les coûts de services qui doivent être fournis en Suisse, sur la base de salaires et d’infrastructures suisses, avec ceux de services fournis à l’étranger. Les entreprises suisses, ainsi que les pharmacies, ne sont pas autorisées à employer des étrangers à des salaires étrangers. Par contre, les prestations administratives des assureurs maladie pourraient sans problème être délocalisées. C’est pourquoi santésuisse devrait également tenir compte de cette sage maxime, avant de continuer à recourir à une désinformation populiste et destructrice dans les médias à l’endroit de ses partenaires contractuels les plus fiables : «Pourquoi vois-tu la paille qui est dans l’œil de ton frère, et n’aperçois-tu pas la poutre qui est dans ton œil?»

Vous-même, vous avez déclaré au «Mise au point» sur votre plateform web, que tous les acteurs du système de santé devaient «assumer leurs responsabilités». De telles actions mettent en péril les soins primaires en Suisse. Trouvez-vous cela responsable?

Pour nous, responsabilité veut dire que les fournisseurs de prestations doive s’asseoir à la même table pour tenir des discussions constructives et trouver des solutions durables. Les caisses maladie ne peuvent pas se contenter de pointer les autres du doigt. A notre avis, un partenaire de négociations qui lance uniquement des coups de griffe sous la forme d’allégations générales ne contribue en rien à la recherche de bonnes solutions.

Depuis 1991, les membres de l’Association IFAK défendent les intérêts des pharmacies et des pharmaciens indépendants, qui jouent un rôle important dans le système de santé et sont en mesure d’accomplir des tâches essentielles relevant des soins primaires. Nous avons également fait parvenir une prise de position à l’OFSP dans le cadre du processus de consultation précédemment mentionné. Nous la joignons à ce courrier.

Avec nos sincères salutations

Association IFAK

Dr C. M. Hysek

Président

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